TRIBUNE. Les nouvelles frontières de l’optimisation : vers une supply chain plus vertueuse

02/10/2024

Par Jean-Michaël Carli,
International Senior Consultant chez PTV Logistics

L’optimisation des plans de transport s’impose comme un levier clé pour accélérer la transition écologique dans la logistique. Face aux objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, quelles sont les avancées et les limites de l’optimisation en 2024 ? Peuvent-elles être dépassées ?

Le secteur du transport vit une véritable transformation, portée par l’urgence climatique et les innovations technologiques. L’Intelligence Artificielle et les nouveaux algorithmes d’optimisation redéfinissent la manière dont nous abordons les chaines d’approvisionnement. Il est désormais possible de traiter simultanément jusqu’à 50.000 ordres de transport, alors qu’il y a seulement quelques années, atteindre 5.000 relevait de l’exploit. Selon une étude de McKinsey, l’IA pourrait permettre une réduction des coûts de transport de 15 à 20% d’ici 2025. Ces progrès sont bien plus que des projections théoriques. Les solutions actuelles permettent de prendre en compte les contraintes du terrain (fenêtres de livraison, capacités des véhicules et autres contraintes réglementaires) pour des résultats applicables et concrets.
L’optimisation des plans de transport n’est pas une solution unique, mais un processus flexible qui doit s’adapter aux réalités de chaque entreprise. Certaines se contentent de simples améliorations dans l’ordonnancement des livraisons, ce qui leur permet déjà de réaliser des économies sans bouleverser leur organisation. D’autres vont plus loin en cherchant à mieux équilibrer les flux de secteurs proches pour lisser la charge de travail des conducteurs, et éviter les heures supplémentaires, leur permettant de gagner en efficacité à un moindre coût. Les entreprises les plus ambitieuses, quant à elles, repensent entièrement leurs schémas logistiques, en combinant gestion optimisée des stocks, satisfaction client et réduction des coûts. Cette refonte peut inclure des stratégies complexes, comme le Vendor Managed Inventory (VMI), qui nécessitent une approche plus dynamique et stratégique de l’optimisation.

Des gains économiques, environnementaux et sociaux
Les bénéfices de l’optimisation des transports ne se limitent pas à des gains financiers. Sur le plan environnemental, elle se traduit par une réduction notable des émissions de CO2. Par exemple, l’entreprise J Milliet BBC, membre de FRET21, a réussi à réduire de 25 % les kilomètres parcourus chaque jour grâce à un logiciel de gestion de tournées, démontrant ainsi que l’optimisation contribue directement à la transition écologique. L’impact social de l’optimisation est tout aussi important. En améliorant la planification des itinéraires et des horaires, les entreprises peuvent diminuer la fatigue des conducteurs et améliorer leurs conditions de travail. Ce point est crucial dans un secteur qui fait face à une pénurie de main-d’œuvre : la France manque actuellement de 50 000 chauffeurs. Des conditions de travail plus attractives et mieux encadrées sont donc essentielles pour redonner de l’attrait à ce métier.

La combinaison conducteur-véhicule : une nouvelle frontière à exploiter
Un potentiel encore peu exploité réside dans l’optimisation de la gestion des conducteurs et des véhicules. Actuellement, leur association prend beaucoup de temps pour les transporteurs. L’optimisation des tournées intègre souvent les deux, sans tenir compte des spécificités de chacun. Cela oblige les équipes de planification à établir manuellement un pré-planning, au mieux à faire des glisser-déposer dans leur TMS. Une gestion distincte et plus dynamique de ces ressources pourrait améliorer significativement la productivité et l’efficacité. Des outils modernes permettent désormais de planifier de manière optimale l’allocation des véhicules aux conducteurs, tout en respectant les contraintes légales et opérationnelles. Ces nouvelles solutions simplifient le travail des planificateurs, maximisent l’utilisation des ressources et réduisent les coûts de façon automatisée.
L’optimisation des plans de transport est devenue incontournable pour répondre aux enjeux climatiques et économiques actuels. Si la technologie a permis de franchir des étapes décisives, quelles seront celles de demain ? L’innovation continuera de repousser les limites de ce qui est possible. La prochaine étape résidera sans doute dans une intégration encore plus fine de technologies émergentes comme l’intelligence artificielle prédictive ou les systèmes collaboratifs de gestion. Ces avancées ouvriront la voie à une supply chain encore plus vertueuse, alliant efficacité économique, réduction de l’empreinte carbone et amélioration des conditions sociales.
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