Tribune. Périodes de rush logistique : la digitalisation au service des opérateurs

30/09/2025

Par Dominique Gaborit, Directeur Commercial, Hub One
Dans un secteur logistique toujours plus exigeant, la promesse est simple mais redoutable : traiter plus de commandes, plus vite, sans jamais sacrifier la qualité. Une bonne logistique, c’est 1 erreur pour 10.000 préparations. Dans les faits, il s’agit plutôt d’1 sur 100.
Une pression constante pèse donc sur les préparateurs, qui doivent également composer avec une autre réalité, celle de la saisonnalité. Chaque pic d’activité vient bouleverser l’organisation des sites logistiques, obligeant les responsables à concilier un impératif de productivité à une exigence de qualité, tout en maintenant une logistique agile. C’est là que la digitalisation entre en jeu.
Mais attention ! Digitaliser un entrepôt ne doit pas signifier l’alourdir ou le figer avec des systèmes numériques complexes. L’enjeu est au contraire de rendre les opérations plus fluides, plus ergonomiques et plus humaines avec pour objectif d’augmenter la performance opérationnelle tout en gagnant en productivité et en qualité.

La saisonnalité, une variable d’ajustement complexe pour les logisticiens
Chaque saison a son pic, et chaque pic sa complexité. La saisonnalité est l’un des plus grands défis des entrepôts. À certaines périodes clés comme les soldes, la rentrée scolaire ou Noël, le volume de commandes explose et nécessite une réorganisation rapide des ressources et des flux.
Premier levier d’ajustement : les ressources humaines. En moyenne, 40 % (1) des effectifs en entrepôt sont des intérimaires. Cela suppose une gestion fine des contrats, des plannings et surtout de la formation qui peut peser lourdement sur la productivité. En quelques jours, il faut intégrer des dizaines de nouveaux collaborateurs, sans jamais compromettre la qualité des préparations.
Deuxième contrainte : l’infrastructure. Beaucoup d’entrepôts sont trop rigides, trop mécanisés pour absorber des variations de volumes importantes. Et si l’agrandissement physique d’un site peut sembler une solution, il est long, coûteux et peu flexible. Un entrepôt trop figé devient un frein plutôt qu’un atout en période de rush.
C’est ici que la digitalisation démontre toute sa pertinence puisqu’elle permet d’ajuster les moyens sans alourdir les structures.

La digitalisation, la clé d’un entrepôt agile en toute saison
Pour répondre aux enjeux de saisonnalité, mais aussi pour gagner en efficacité au quotidien, les entrepôts doivent devenir plus flexibles. Et cela passe notamment par la digitalisation. Les marges de progression sont encore importantes, mais les solutions existent déjà.
Première piste concrète : le voice picking. Cette technologie permet aux opérateurs de recevoir des instructions vocales connectées directement au WMS (Warehouse Management System). Les tâches sont confirmées à la voix, en temps réel. Les bénéfices sont multiples : réduction des erreurs, meilleure ergonomie (les mains restent libres), diminution du temps de formation. Le voice picking s’adapte à toutes les configurations de sites, avec un retour sur investissement rapide.
Deuxième levier: le pick to light et put to light. Ces dispositifs lumineux guident visuellement les opérateurs vers les produits à prélever ou les emplacements de dépôt. Ils permettent de traiter plusieurs commandes en parallèle et de fiabiliser les préparations. Entièrement sans fil, ces solutions IoT sont simples à déployer et particulièrement efficaces en période de surcharge.
La digitalisation des opérations, associée à l’usage de PDA, IOT, tags RFID et de systèmes de scan Caméra, permet de garantir la traçabilité des opérations en temps réel malgré des flux sous pression.
Ces technologies ont pour point commun de permettre aux opérateurs d’être plus agiles et à la chaîne logistique de gagner en robustesse et en souplesse. Elles ont également un impact positif sur le bien-être des opérateurs malgré les hausses de cadence en réduisant les risques d’erreurs.

Une évolution nécessaire, bientôt accélérée par l’intelligence artificielle
Aujourd’hui, digitaliser son entrepôt n’est plus une option mais une nécessité. Face à des flux toujours plus imprévisibles, à des contraintes de qualité strictes et à une pression constante sur les délais, seuls les sites les plus agiles s’en sortent durablement. L’un des grands atouts de la digitalisation réside d’ailleurs dans sa capacité à réduire – voire éliminer – le besoin de formation initiale : un opérateur équipé d’un casque vocal ou d’un système lumineux peut être opérationnel en quelques minutes.
Et demain, l’intelligence artificielle viendra compléter cette transformation. Encore peu présente dans les entrepôts, elle jouera un rôle clé : anticipation des ressources nécessaires, détection des anomalies (chute, départ de feu…), vérification automatique du nombre de produits prélevés… L’IA promet d’ouvrir la voie à un entrepôt plus intelligent, plus sûr, plus efficace.
Digitaliser, c’est déjà indispensable. L’IA, elle, permettra de faire mieux et d’aller encore plus loin. Dominique Gaborit
(1) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-11/datalab-essentiel-139-logistique-dans-l-emploi-en-france-mars2018.pdf
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