Témoignage. La voie vers l’industrie 5.0 passe par vos données et l’IA

25/08/2025

Par Ludovic Ponthier, Pre Sales Director d’IFS
De nombreux secteurs reposant sur des actifs physiques – de la construction à la fabrication, en passant par l’énergie et les services publics – s’efforcent encore de tirer pleinement parti des avantages de l’industrie 4.0. Mais les données qu’elles collectent aujourd’hui les aideront à franchir une prochaine étape : consolider les fondations de l’industrie 5.0.
L’industrie 4.0, ou la quatrième révolution industrielle, est un concept apparu au milieu des années 2010, lorsque Klaus Schwab a introduit le terme au Forum économique mondial. Cette révolution, ancrée dans la transformation numérique, est marquée par l’utilisation d’appareils connectés, l’analyse des données et l’automatisation. Combinés, ces éléments numériques jouent un rôle prédominant dans notre vie quotidienne, que ce soit au travail ou à domicile.
L’industrie 5.0 constitue la prochaine étape, et la suite logique de ce que nous avons appris jusqu’à présent. Cette prochaine révolution industrielle sera imprégnée du rapprochement entre les domaines physique et numérique. Cela nous ramène une fois de plus à l’opposition entre l’homme et la machine, mais cette fois-ci en vue de libérer leurs potentiels respectifs. L’intelligence artificielle et le cloud computing atteindront une harmonie qui permettra aux opérateurs de produire les meilleurs résultats possibles, pouvant ensuite être reproduits dans les processus tout au long de la supply chain. L’IA industrielle agira en coulisses pour alimenter les décisions. Elle ne sera pas une source de conflit, malgré certaines spéculations..
Alors que l’intelligence artificielle est sur le point d’ouvrir la voie à l’industrie 5.0, il convient de se rappeler que son efficacité dépend de la qualité des données sur lesquelles elle s’appuie.

Les données : point de départ de l’innovation

L’utilisation de l’intelligence artificielle, en vue d’intégrer les points de données depuis les actifs physiques, offre de nouvelles perspectives à l’innovation. Les informations en temps réel provenant des machines et équipements de production contribueront ainsi à l’excellence opérationnelle et permettront aux entreprises  de prendre une longueur d’avance sur la concurrence.
En outre, avec l’industrie 5.0, nous entrevoyons un croisement entre l’IA et les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). L’IA a en effet le potentiel de promouvoir la durabilité dans l’ensemble des workflows, des opérations physiques et, dans une certaine mesure, de la supply chain au sens large. Elle permet ainsi de réduire les déchets de toutes sortes, mais aussi d’améliorer la rentabilité, la gestion du temps et la durabilité. C’est pourquoi, en exploitant les informations fournies par l’IA, les entreprises optimiseront leurs processus de fabrication.
Les prises de décision des entreprises gérant des actifs physiques seront transformées : grâce à l’analyse décisionnelle avancée, elles pourront optimiser l’allocation du capital, gérer les risques et prendre des décisions commerciales fondées sur des données et donc plus précises. En effet, dans un environnement de plus en plus centré sur les données, l’IA industrielle peut aider les entreprises à prioriser les investissements à fort impact, à s’adapter à l’évolution des conditions réglementaires et du marché, mais aussi à s’aligner sur les objectifs de durabilité. À la clé, un véritable avantage concurrentiel.

IA et servitisation
À l’ère de la servitisation, les entreprises louent de plus en plus d’équipements industriels au lieu de les acheter. Les fabricants sont par conséquent amenés à concevoir et construire des machines de meilleure qualité, dotées de technologies intelligentes intégrées. L’intelligence artificielle a donc un rôle clé à jouer pour détecter les anomalies et les problèmes de maintenance de ces équipements, avant de déterminer les mesures à prendre.
À titre d’exemple, l’IA peut surveiller les workflows pour détecter les redondances dans le réseau puis appeler un ingénieur de maintenance sur le terrain pour remédier au problème d’une machine. Dans le même temps, elle réorganise l’emploi du temps d’autres ingénieurs de terrain pour rattraper les éventuelles pertes de temps. Là encore, il s’agit de rationaliser les opérations et de minimiser les temps d’arrêt, jusqu’à ce que la machine soit de nouveau opérationnelle.
De ce fait, l’IA industrielle modifiera l’ensemble de la proposition de valeur de la production dans l’économie circulaire, en identifiant les pièces et les composants qui ont besoin d’être entretenus avant même qu’ils ne montrent des signes d’usure.

Les jumeaux numériques au cœur des stratégies
Le concept technique de prendre un élément physique et le reproduire virtuellement devient déterminant dans un environnement où les systèmes d’exécution de la fabrication sont intégrés. Historiquement, les deux mondes, physique et virtuel, étaient séparés. Les données généraient des ordres de fabrication et nécessitaient une traduction. Les jumeaux numériques viennent combler ce fossé en traitant les informations en temps réel. Ils éliminent les cloisonnements entre les environnements virtuels et physiques plus rapidement que les humains. Une fois encore, l’optimisation réelle se fait en quelques millisecondes plutôt qu’en quelques secondes, voire quelques minutes.
Un cycle se produit : la simulation informe les pratiques commerciales, qui modifient les paramètres de la simulation, et ainsi de suite. Les simulations aident à identifier les domaines à améliorer, ce qui permet d’effectuer des ajustements itératifs jusqu’à ce que le résultat souhaité soit testé, prouvé et atteint. Il est important de tenir compte de l’aspect « time-to-value », qu’il s’agisse de mettre en œuvre une IA universelle dans l’ensemble de l’entreprise ou de se concentrer sur des cas particuliers.

Réduire la complexité
L’innovation dans l’industrie 5.0 utilise le progrès technologique pour prévoir les exigences du secteur, mais aussi les satisfaire et s’y adapter. Les entreprises manufacturières peuvent tirer parti des jumeaux numériques pour stimuler l’efficacité opérationnelle et gagner en productivité d’une manière inédite. L’intégration de l’IA industrielle leur donne une vision holistique de leurs ressources pour trouver d’autres domaines d’opportunité avec une prise de décision éclairée à un niveau granulaire et fondée sur l’investissement.
Des complexités réglementaires de la collecte et du stockage des données, aux différents niveaux d’adoption de l’IA au sein des entreprises, une transition réussie vers l’industrie 5.0 passe par l’accompagnement d’un expert. Le coût des investissements dans l’intelligence artificielle peut avoir des répercussions considérables. C’est pourquoi il est nécessaire d’être stratégique et de cibler l’amélioration de domaines spécifiques de l’entreprise. Ainsi, les outils génériques d’IA, prêts à l’emploi, formés sur des données non pertinentes ne seront d’aucune utilité.
Les entreprises à même d’exploiter efficacement les données qu’elles collectent et qui utilisent l’IA pour créer des informations exploitables seront prêtes pour l’industrie 5.0. Elles apporteront plus de valeur à leurs clients, amélioreront la vie professionnelle de leurs employés grâce à de meilleurs processus quotidiens, pour devenir de véritables leaders de l’industrie. Que ce soit dans l’industrie manufacturière, la construction ou tout autre secteur axé sur les actifs physiques, les entreprises qui ne parviennent pas à voir clair dans les données qu’elles collectent passeront à côté de l’industrie 5.0.
Photo : Ludovic Ponthier ©IFS
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