Le 18 juin, JLL organisait une conférence intitulée « Cap vers une logistique durable ! », réunissant experts et acteurs du secteur autour des enjeux et des opportunités de la transition énergétique dans la logistique. Partant du constat que 75% des bâtiments en France ont plus de 10 ans, que le prix de l’électricité a augmenté de plus de 71% depuis 2019, et que 49% des entrepôts industriels se situent sur des zones à risque en Europe, la société de conseil en immobilier insiste sur l’importance de la rénovation pour les propriétaires et les occupants. Ainsi, Juliette Medana, Directrice Conseil en Immobilier Durable EMEA chez JLL s’est attachée à évoquer la transition énergétique, notamment l’électrification du transport routier de marchandises. Un secteur qui représente au plan européen le un marché estimé à 75 milliards d’euros par an, selon les statistiques de transport de l’UE de 2021. Les avancées technologiques, telles que des chargeurs de plus de 1 MW, une autonomie de 800 km pour les camions électriques et une baisse de 30% des coûts depuis 2020, sont de nature à accélérer cette transition. L’entreprise de logistique et de transport DFDS illustre cette tendance avec la commande de plus de 215 camions électriques, avec pour objectif 25% d’électrification de l’ensemble de sa flotte. Même constat chez DB Schenker qui a également commandé 66 camions électriques en France et entend atteindre une neutralité carbone en 2030. Avec 50% des trajets européens inférieurs à 300 km, compatibles avec les camions de dernière génération, et une augmentation des ventes mondiales de poids lourds électriques en 2024, les investisseurs immobiliers, à l’instar de Prologis, saisissent ces opportunités en intégrant des bornes de recharge (IRVE) dans leurs actifs, améliorant leur rentabilité avec un impact positif de 50% sur bénéfice d’exploitation net (NOI) et 15% sur le taux de rendement interne (IRR). JLL note néanmoins certaines difficultés liées notamment à l’obsolescence d’une partie du parc immobilier ou à l’emplacement des sites, dans un contexte où la réglementation (l’IFRS S2 ou le Décret Tertiaire), accentue la pression visant à rénover les parcs industriels. Pour répondre à ces défis, Jean-Philippe Buti, Directeur Performance Environnementale et Digitale de JLL Ingénierie propose cinq leviers d’action. Premièrement, moderniser les systèmes de chauffage, ventilation, climatisation (CVC) et l’éclairage pour optimiser l’efficacité énergétique. Deuxièmement, intégrer des énergies renouvelables comme le solaire ou la géothermie, soutenues par la Loi Climat et Résilience, qui impose des panneaux solaires sur les nouveaux bâtiments de plus de 500 m². Troisièmement, déployer des systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB) intelligents pour réduire les consommations. Quatrièmement, installer des bornes de recharge pour véhicules électriques, conformément à la Loi LOM. Enfin, renforcer la résilience climatique via des mesures comme la collecte des eaux de pluie ou des toits végétalisés. JLL met également en avant un modèle d’entrepôt durable intégrant des panneaux photovoltaïques, des matériaux durables, un éclairage LED et des certifications comme BREEAM ou HQE. Les investisseurs peuvent adopter des modèles comme les centres de profit, les joint-ventures ou l’externalisation pour maximiser la valeur tout en gérant les risques, évitant ainsi une dérive de valeur des actifs non adaptés. Alexandre Aoun