Entretien exclusif avec Anne-Marie Idrac

02/04/2020

Le 8 janvier a vu le lancement de France Logistique, une structure rassemblant les professions du secteur avec pour objectif de hisser la filière logistique française au rang des meilleures. Cela en relation étroite avec les pouvoirs publics. Jointe par téléphone, sa présidente Anne-Marie Idrac, salue le rôle exemplaire des professionnels qui continuent d’assurer, en pleine crise sanitaire, la gestion des approvisionnements vitaux. Elle précise également, en exclusivité pour les lecteurs de Supply Chain Village, la manière dont elle agit, dans un contexte exceptionnel où la logistique est en première ligne.

« Chapeau, bravo, merci, à ces hommes et ces femmes de la logistique ! »
Au préalable, Anne-Marie Idrac trace les contours de sa mission : « Ma tâche à la tête de France Logistique, est de faire valoir auprès du gouvernement le rôle essentiel de la logistique dans la crise que nous traversons ; l’écoute est attentive, et nous sommes dans l’ensemble satisfaits des mesures réglementaires et opérationnelles qui sont rapidement adoptées. Je m’attache également à souligner l’engagement des entreprises et des équipes sur le terrain. L’effort est considérable. A titre personnel je dis : Chapeau ! Bravo ! Merci ! à ces hommes et ces femmes de la logistique qui me font penser aux paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman : « ils auraient pu se mettre en retrait, mais ils pensent qu’ils ont un rôle à jouer, oubliant la fatigue, la peur, les heures (…) sans même attendre un merci… ». Et pourtant ces métiers sont si mal reconnus ! Il m’est remonté par exemple trop d’alertes de chauffeurs mal accueillis à certains endroits ; heureusement, les interventions de nos organisations professionnelles et de l’administration permettent une meilleure prise de conscience générale de la considération concrète qui est due à ceux qui roulent pour nous ».

« Ils est normal que les charges soient répercutées sur les prix ! »
Concernant les hausses tarifaires qui ont provoqué un tollé chez certains chargeurs de l’industrie et du commerce, Anne-Marie Idrac est très claire : « les entreprises de transport et logistique ont certes l’habitude de travailler avec des marges très faibles ; en l’occurrence, pour assurer la continuité de service dans cette période de désorganisation des flux, elles doivent faire face à des coûts d’exploitation plus importants ; ils sont liés en particulier aux retours à vide et aux horaires de travail . Si l’on ne veut pas compromettre la pérennité de ceux qui nous livrent, il est simplement normal que ces charges soient répercutées dans les prix ».

« Il est plus que jamais efficace d’agir collectivement »
Pour la suite, Anne-Marie Idrac voit dans France Logistique la possibilité de porter de manière transverse les ambitions et les problèmes des professionnels de la filière pour agir en leur nom auprès des pouvoirs publics : « Dans cette situation de crise, il est plus que jamais efficace d’agir collectivement. C’est la mission de France Logistique, et de l’organisation mise en place pour travailler entre nous et aussi avec les ministères concernés . Pour la suite, notre feuille de route initiale vise la compétitivité de la filière au service de l’économie nationale. Nous serons amenés sans doute à en ajuster les priorités d’actions, mais cette ambition demeurera d’autant plus forte que la crise fait reconnaître l’importance de nos métiers logistiques, et la notion de « chaîne ». Malgré les mesures de confinement nous continuons donc à travailler, à distance, entre professionnels, avec les administrations concernées, notamment la DGITM et à Bercy la DGE, et avec les membres du gouvernement : sur les sujets brûlants d’actualité mais aussi sur la reprise à venir ».
Propos recueillis par Jean-Philippe Guillaume